Coût des matériaux de construction

La hausse des coûts de matériaux de construction à la Réunion

1 - Chiffres et contexte

Le coût des matériaux s’établissait, en 2022, autour de 800 € à 1000 € le m2, matérialisant une hausse moyenne de coût de l’ordre de 33 %, représentant 40 % du prix d’une construction.
 
En 2022, Anthony Lebon, Président de la FRBTP, nous informe que le prix :
  • des armatures a augmenté de 31 %,
  • les treillis soudés de 66 %,
  • le béton prêt à l’emploi de 19 %,
  • le mortier de 32 %,
  • les agrégats de 30 %,
  • l’aluminium de 50 %
  • ou encore le contreplaqué qui voit ses prix s’envoler de 87 %.
M. Lebon précisant que la marge brute du secteur s’est réduite de 50 %, pour un solde final de 5 %. Près de 30 000 personnes sont en attente de logements à la Réunion, les bailleurs sociaux envisageant, également, une baisse de leur production de logements de l’ordre de 50 %.

2 - Historique

Cette tendance à la hausse des prix des coûts de construction à la Réunion ne date pas de 2023, ni même de 2022, mais plutôt de 2021, la faute à la crise covid et une pénurie mondiale. Même si dès 2018, nous pouvions constater, déjà, que le ciment réunionnais était plus cher de 50 % et le bois local de plus de 60 % comparativement aux prix métropolitains.
 
En 2021, pour illustrer notre propos liminaire, M. Vencatachellum, gérant d’une menuiserie, alertait alors : « on nous annonce une augmentation des tarifs au m3 de 15 % à 20 %, sur les bois importés », qui ajoute « il faut travailler à l’économie, la matière devient rare et chère ». Les stocks se vident et la production ne suit pas, avec le coût du fret, les prix sont sur un trend haussier. M. Bodelu, directeur chez « Fibres Industrie Bois », précise « nous avons des hausses de 70 % aux achats, nous avons répercuté 15 %, mais comme les prix continuent de grimper, nous devrons procéder à une hausse des tarifs ».
 
La crise en 2021 ne touche pas seulement le bois, mais tous les matériaux de construction tels que le fer, qui a plus que doublé son prix, passant de 600 € à 1 300 €. M. Malagama, responsable chez Pilotes Industrie, nous alerte sur le prix des peintures devant supporter une hausse de 20 % à 30 %, avec des délais d’approvisionnement intenables.
 
La hausse des prix est donc accompagnée par un problème de ressources et d’approvisionnement se heurtant à une demande de construction dynamique après la crise covid. Une pénurie de matériaux se conjuguant à une demande de logements qui rebondit, les éléments constitutifs de l’inflation sont là, la guerre en Ukraine en 2022 et 2023 n’arrange pas les choses…

3 - Propositions de solutions

La CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) nuance, par la voix de M. Rickmounie, « les entreprises, notamment les plus petites, font toujours preuve de dynamisme et de conviction par rapport à un environnement économique plus favorable » arguant de 20 537 emplois à fin novembre, en croissance de 1 %, « la consigne que nous donnons à nos adhérents est de répercuter toutes les hausses qu’ils subissent, on ne peut pas travailler pour perdre de l’argent ».
 
La CAPEB émet 3 propositions :
  1. Un observatoire des prix étatique afin de connaître la part de chaque facteur d’augmentation,
  2. Être informé a minima 2 mois avant toute hausse de prix substantielle, afin de pouvoir s’adapter
  3. Et enfin, une TVA réduite de 2,10 % contre 8,5 % actuellement, sur les travaux de rénovation.
Le coût moyen de fret qui s’était envolé, pendant le covid, revient sur son niveau de 2019. Un container moyen de 40 pieds supportait encore un coût de 11 000 $ en septembre 2021, pour revenir à 2 500 $ fin décembre, signe du ralentissement de l’économie, ce poste transport contribuant à freiner la hausse des coûts finaux.
 
M. Carenco, ministre délégué aux Outre-Mer, a soulevé un mur d’incompréhension en déclarant que « le coût des matériaux n’avait pas flambé à la Réunion » et ce, malgré les chiffres officiels précisés. La réaction de la FRBTP fût immédiate en exigeant un démenti du ministre, une rencontre avec le conseiller en charge de l’économie, M. Filippini, débouchant sur 2 propositions de la FRBTP, à savoir :
  • Un effacement des dettes patronales de la Sécurité Sociale et un étalement sur 36 mois de la partie salariale,
  • Ainsi qu’un report de 36 mois du remboursement du Prêt Garanti par l’État (PGE) et un étalement sur 10 ans.

Dans de telles conditions, il sera compliqué de satisfaire les revendications salariales du secteur, de hausse de 7,4 % des salaires.

Une réunion avec le préfet est prévue, « il veut aller plus loin dans la réflexion, décortiquer les prix de A à Z, nous, nous avons tendance à nous focaliser sur le prix d’achat » précise M. Filippini.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut